Accueil Economie Supplément Economique L’entreprise autrement : Mobilisons nos énergies! (II) 

L’entreprise autrement : Mobilisons nos énergies! (II) 

Le flottement politique qui sévit dans le pays, avec, comme premières victimes, l’économie, les services sociaux, la sécurité publique et le moral des Tunisiens, n’a que trop duré. Depuis plusieurs, mois la situation générale est en effet comparable à celle de quelqu’un qui pédale dans la semoule, comme on dit.
Les Tunisiens sont tellement à bout qu’ils se sont défoulés d’une manière spectaculaire, pour ne pas dire hystérique à l’occasion du décès du président Caïed Essebsi puis tout au long du processus de l’élection présidentielle et de l’intronisation du nouveau président Saïed.
Au moment où ces lignes sont en train d’être écrites, le nouveau gouvernement n’a pas encore vu le jour. Ce qui ne fera qu’ajouter encore quelques degrés de plus au flou existant, même si les délais n’ont pas été dépassés, sachant que les résultats des législatives n’ont pas facilité les choses.
Le flou s’est renforcé, lorsque l’on sait que plusieurs membres du gouvernement sortant sont devenus des députés et que le Parlement sera appelé les prochains jours à se réunir. Or la loi interdit cette éventualité de la double casquette.
Une perte de temps impardonnable, surtout pour notre économie, car la plupart des indicateurs-clé sont au jaune, même si nous sommes en train de faire des progrès louables dans le domaine de la pratique démocratique.
Oui, les Tunisiens sont à bout, du moins une bonne majorité d’entre eux, car il existe une bonne frange de la population qui est en train de profiter largement de cette situation et, pourquoi pas, en train de faire en sorte qu’elle perdure.
Ils sont à bout et veulent surtout que notre pays sorte du tunnel, le plus rapidement possible avec le moins de dégâts et de dépenses supplémentaires possibles. A bout sur tous les plans, y compris sur le plan cognitif, avec tout ce charivari qui dure depuis 2011. En un mot, il a été abruti.
Action tout à fait légitime et faisable. A condition, bien sûr que les élites, politiques, économiques, sociales, culturelles et autres enterrent définitivement la hache de guerre des ego pour se consacrer enfin à l’intérêt général et aux intérêts supérieurs du pays.
Flottements, flou, éparpillement des énergies et des ressources, procrastination, tergiversations, et autres fléaux à caractère socioculturel, comme le manque de civisme, sont donc venus s’ajouter aux grands fléaux déjà existants et qui ne semblent pas près d’être éradiqués.
Fléaux tels que la paupérisation de la population, le gaspillage honteux que l’on constate dans tous les domaines, le chômage endémique des diplômés du supérieur, la baisse générale de la compétitivité du pays, de ses compétences, le nombre exagérément élevé des salariés du secteur public, etc.
Or, il est presqu’impossible à un pays qui souffre de tous ces fléaux d’avancer et de là à progresser et se développer. Ce sont autant de boulets qui ne feront que freiner sa marche pour ne pas dire l’entraîner dans les abîmes.
Si l’on ajoute à tout cela le fait que notre pays ne possède pas un projet socioéconomique et culturel fédérateur et qu’il est de plus en plus dépendant à tous les niveaux, le tableau devient hélas sombre. Même si des pas de géant ont été accomplis au niveau d’une meilleure organisation de la vie, politique (Surtout sur le plan des structures, la culture démocratique reste, elle, à la traîne).
D’où l’urgence d’une mobilisation générale, comme nous n’avons jamais cessé de le répéter sur ces mêmes colonnes, dans le but de mettre fin à la descente aux enfers et de renverser la vapeur. Avec comme action mobilisatrice urgente, celle consistant à dissiper tout ce flou dense qui nous enveloppe et qui nous empêche de voir clair et d’avancer.
Le peuple veut, oui, et il veut, en premier lieu, connaître, la vérité… les vérités. Tout à propos de tous les facteurs qui ont participé, depuis l’indépendance du pays, en 1956 à sa situation actuelle. Donnée essentielle, vitale même pour que le peuple puisse regarder en toute confiance vers son avenir.

Par Foued ALLANI

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